A l'approche de la fête de tous les saints, je me suis inspirée du délicieux article de Caroline Bataille : "Qu'est-ce qu'on mange à la Toussaint ?" afin de donner quelques idées de menu en l'illustrant.
" Pourquoi ne serait-ce pas l’occasion d’un grand déjeuner familial ? Rangeons les citrouilles grimaçantes qui nous lorgnent de leur œil creux et, en ce 1er novembre, faisons de la place aux saints et saintes. La recette est simple. Réunissez vos proches et conviez à votre table des saints, hôtes trop souvent égarés au fond de nos mémoires.
En premier lieu, Saint Jacques et ses coquilles (ou sans)
ou bien Saint-Môret et ses radis font leur entrée, ouvrant le menu.
On accueille éventuellement un Saint-Pierre, dont la légende raconte que ce poisson devrait son nom aux deux marques de doigt que le saint pêcheur lui a laissé en le sortant de l’eau
ou plus modestement une robuste purée Saint-Germain néanmoins escortée de quelque cochonaille fumée.
S’en suit alors la farandole de fromages de nos régions : Saint-Nectaire, Saint-Albret, Sainte-Maure, Saint-Félicien, Saint-Agur et tant d’autres. Pour les gourmands ou les Normands, ils seront accompagnés par la Sainte-Mère et son beurre d’Isigny.
(Cher & tendre ayant le dos tourné, je suis allée faire un petit tour à pas de loup dans son domaine préféré et réservé ...).
Mais il ne s’agit pas bien sûr de mourir de soif ! Pour agrémenter ce festin, appelons à la rescousse Émilion, Symphorien, Julien, Georges, Lager, Estèphe, Amour, Véran et leurs camarades, sans oublier la pétillante Yorre ou la plate Marguerite pour les enfants.
Pour couronner le tout, faites place au patron des boulangers : le crémeux Saint-Honoré,
à la moelleuse Torta de Santiago, dessert aux amandes que l'on savoure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle,
ou au craquant Saint-Epvre de Nancy puis passez au salon en écoutant quelques notes de musique avec Sainte-Cécile.
Ensuite, une petite balade s'impose idéalement au Mont Saint-Michel , avec quelques galettes du même nom dans la poche ...
Certains diront qu’il s’agit là d’une manière bien irrespectueuse de commémorer cette fête et que « bouffer du saint », cela ne se fait pas. Je vous répondrais que j’aime bien mieux les inviter à ma table et festoyer avec eux en famille que les laisser prendre la poussière dans nos nébuleuses mémoires".
Pour conclure, un petit café avec les navettes de Saint-Victor, spécialité provençale dont j'ai repéré la recette chez la Cachina.
Pour une trentaine
270 g de farine
1 œuf
120 g de sucre
50 g d'huile d'olive
1/2 zeste de citron
2 cs d’eau de fleur d’oranger
Avec la feuille du robot, mélanger le sucre et l’œuf, ajouter l'huile et le zeste, verser un peu de farine puis la fleur d'oranger. Incorporer ensuite le reste de farine et amalgamer pendant 7/8 minutes, la pâte doit se détacher de la cuve. Filmer la pâte et réserver au frais au moins 2 heures.
Diviser la pâte en quatre morceaux. Avec les mains farinées, prendre un morceau, le couper en deux et former deux boudins très fins d'1 cm de diamètre. Les rapprocher et les couper en morceaux de 6 cm. Pincer chaque extrémité. Les disposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé (pas de silicone).
Les navettes ne gonflent pas à la cuisson, on peut les serrer, tout tient sur une seule plaque. Enfourner à mi-hauteur à four préchauffé à 180° pour 11 à 12 minutes, les navettes doivent rester blond pâle, au risque de durcir. Il faut imaginer l'odeur qui se répand dans la cuisine ... Les ranger dans une boîte en fer, une fois complètement refroidies.
Je retranscris ce que nous dit Gaston Lenôtre dans "Les desserts traditionnels de France" au sujet des navettes :
"Les navettes de la Purification, ces petites pâtisseries traditionnelles que l'on ne fabrique que le jour de la Chandeleur, qui correspond aussi à la fête de la Purification, ont pris à Marseille, le nom de la vieille abbaye devant laquelle on les vendait. Les paroissiens les achetaient à la sortie de la messe, traditionnellement par douze, leur attribuant toutes les vertus protectrices par le biais de ce nombre symbolique (autant que d'apôtres ...). Et les notaires de la ville, qui célébraient ce même jour la fête de leur confrérie, les faisaient bénir et distribuer par centaines à l'assemblée. Leur forme allongée, rétrécie aux deux bouts, rappelle une petite barque : peut-être celle sur laquelle St-Lazare et ses soeurs Marthe et Marie-Madeleine auraient accosté à Marseille". A titre d'exemple, les navettes escortent à merveille un aspic de pommes parfumé à l'écorce d'orange et au rhum.
Maintenant que vous avez l'embarras du choix :
Joyeuse fête de la Toussaint !